Par Guylaine Duval
Apprendre à connaître les champignons est une ouverture sur l’histoire, la culture et la gastronomie. Difficile au début, l’identification se transforme, chez les plus persévérants, en une expérience d’observation et de découverte de la nature qui devient passionnante.
Les premières récoltes sont souvent décevantes. La majorité des champignons qu’on retrouve sur le terrain, environ 75 %, sont sans intérêt pour la consommation, car ils sont immangeables à cause de leur texture coriace ou molle, ou à cause de leur saveur amère, piquante, acide, âcre, brûlante ou encore, simplement insipide.
Mais s’ils étaient tous comestibles,
où serait le plaisir de la chasse et de la découverte?
Si certains champignons sont difficiles à identifier, plusieurs espèces ne demandent que quelques connaissances de base pour les identifier. De plus, ces espèces sont délicieuses, par exemple les pleurotes, les lactaires délicieux, les hydnes, le coprin chevelu sont faciles à identifier et impossibles à confondre avec des espèces dangereuses.
Pour découvrir les champignons, il nous faut fournir un effort. Cela exige deux éléments plutôt rares de nos jours : du temps et de la lenteur. Le temps de les apprendre, le temps de les chercher, le temps de s’arrêter dans un boisé et de prendre le pouls de la forêt! C’est ce que je fais quand je ne trouve rien. Je m’arrête, je m’assois, j’essaie de fermer les yeux le plus longtemps possible (pas si évident que ça, en pleine forêt). Souvent, après cette pause, je vois quelque chose et, la plupart du temps, un superbe champignon qui était déjà dans mon champ de vision. Comme s’il avait poussé pendant que j’avais les yeux fermés.
Je demande aussi à trouver l’esprit des lieux. Pour cela, il faut se recueillir, demander et chercher. Il ou elle m’apparaît clairement sous la forme d’un visage dans un arbre, une souche, une pierre, un champignon, parfois même un animal.
Dans mes cours, je peux vous montrer comment identifier et démystifier, vous dire quels sont les meilleurs temps pour cueillir, ce qui pousse, à quel moment, et comment conserver le fruit de nos cueillettes. Mais je peux vous transmettre très peu de l’essence même de la cueillette.
La cueillette est un art, un état!
L’élan de joie à la vue d’une talle de chanterelles, de morilles ou de son champignon préféré qui apparaît au tournant du sentier, alors qu’on pensait revenir bredouille. Seuls ceux qui persévèrent, qui prennent le temps, beaucoup de temps, profiteront des secrets que recèle la cueillette de champignons.
Guylaine Duval — guylaineduval@hotmail.com
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