Par François Parent, membre des Vallons de la Serpentine
Le ginseng fait partie intégrante de la culture chinoise depuis des millénaires. À tel point qu’ils en ont pratiquement fait une religion. D’abord reconnu pour ses propriétés médicinales, il est aussi devenu un objet de culte et de spéculation. Au Canada, le ginseng sauvage (Panax quinquefolius L.) fut découvert au 17e siècle. À cette époque, on le retrouvait en abondance dans les forêts de feuillus de l’Est de l’Amérique du Nord. La demande était telle que le commerce du ginseng fut pendant un certain temps le deuxième produit exporté après celui de la fourrure. Aujourd’hui, on ne trouve que très peu de plants à l’état naturel au Québec. C’est pourquoi le ginseng sauvage est protégé depuis 1973 par la loi comme espèce menacée d’extinction (CITES).
Propriétés médicinales
Plusieurs recherches ont permis de confirmer les nombreuses vertus du ginseng. Même Santé Canada reconnaît ses propriétés médicinales. Les composés actifs dont le ginsenoside se trouvent dans la racine de la plante. Leurs bienfaits principaux sont la réduction du stress et de la fatigue, l’amélioration de la mémoire, la réduction de la tension artérielle et la stimulation du système immunitaire.
La culture du ginseng
La culture du ginseng peut se faire soit en champs, soit en milieu naturel (boisé). Puisque les forêts d’érablières matures sont habituellement le milieu naturel du ginseng sauvage, la culture en champs n’a rien de naturel et le résultat peut être décevant, car on obtient alors des racines minces et plutôt allongées. C’est pourquoi la culture en forêt devient intéressante, car les racines deviennent trapues et bien ridées avec de multiples ramifications. Les acheteurs les plus soucieux de la qualité vont offrir de 50 $ à 75 $ le kg pour des racines cultivées en champs, alors que pour la culture en forêt, on va obtenir de 300 $ à 400 $ le kg. Pour atteindre la maturité en forêt, la plante a besoin de 8 à 10 ans. Si la racine n’est pas récoltée, la plante peut vivre plus de 20 ans.
Les semis se font à l’automne avec des semences stratifiées. Le site choisi doit être bien drainé et présenter idéalement une faible pente, ce qui peut favoriser le drainage. Les sols sablonneux et limoneux sont préférables. Le ginseng a besoin de 75 à 80 % d’ombre pour croître. Le couvert des feuilles est donc essentiel à sa survie. Le choix du site est donc très important, de préférence un milieu de feuillus matures. On devrait éviter les forêts de résineux, car le sol y est trop acide.
Les sites choisis devront être légèrement débroussaillés et le sol amendé au besoin. Il est recommandé pour la première fois de semer de petites quantités à différents endroits. L’ensemencement se fait le plus tard possible à l’automne. Si tout va bien, on devrait voir apparaître de petites pousses au printemps suivant. La première année, les plants peuvent atteindre de 5 à 10 cm de hauteur. La récolte des semences peut se faire vers la 4e année et celle des racines à la 8e année, selon les conditions. Il ne restera alors que le lavage et le séchage des racines avant de pouvoir utiliser ou vendre votre précieuse récolte.
Référence : NADEAU, I. et GOSSELIN, L., Guide sur la culture du ginseng en milieu forestier, Plessisville, Ginseng Boréal, 2003.